Communiqué du 17 novembre

17 novembre  - APPEL  DE LA MAJC

ET MAINTENANT …

L’ Arménie et l’Artsakh vivent des jours terribles et qui pourraient même leur être fatals.
Nous le savons.

L’Artsakh est  vidé d’une grande partie de sa population, émigrée en Arménie.
Une importante partie de ses territoires ancestraux,  reconquis de haute lutte lors de la précédente guerre, a été dépecée. Il n’y reste plus que la simple perspective  de pogroms et d’anéantissement des biens culturels auxquels l’adversaire nous a habitués.  
Sans oublier l’obligation de lui concéder un passage direct vers le Nakhitchevan, également ancienne terre arménienne vidée de sa population arménienne et transformée en désert culturel.
Ce qui laisse mal présager de l’avenir pour ces territoires reconquis grâce à des  combats entre forces disproportionnées, et malgré une résistance qui inspire  le respect.

L’Arménie où contestations et révoltes mettent en danger la démocratie même.
Et tout cela  en pleurant la perte d’une génération  de jeunes gens dont on ne peut qu’admirer le courage et la détermination.
Et tout cela dans un contexte sanitaire qui prend des allures de catastrophe.

Nous estimons que l’heure n’est plus aux divisions internes et partisanes, face aux défis énormes  qui se présentent.
L’heure n’est plus aux discussions politiques.

L’heure est à l’union.

Nous sommes bien conscients qu’en tant qu’association de la diaspora,  nous n’avons pas à intervenir directement  dans les processus politiques internes.
Cependant,  l’Association de la Maison Arménienne de la Jeunesse et de la Culture de  Marseille (MAJC) souhaite ardemment voir les dissensions être laissées à des jours  meilleurs où historiens et politologues pourront les étudier à leur guise.

La MAJC appelle à nouveau à ne pas laisser fléchir l’élan de générosité et d’adresser les dons aux organisations qui ont toujours eu sa confiance  et qu’elle a préconisées dès  le premier jour, le FONDS ARMENIEN DE FRANCE ou l'ASAF, dont elle connait l’engagement direct dans le pays. (liens ci-dessous)
La MAJC estime qu’il est important de poursuivre les efforts afin de tenter de faire reconnaître par le plus de pays et d’organisations internationales la République d’Artsakh.

La MAJC souhaite une mobilisation générale qui, seule, laisse un espoir de résolution de cette crise majeure.



À propos de la presse écrite et de l’audiovisuel français sur le Karabakh

Les nouvelles diffusées par la radio et la télévision ainsi que les comptes-rendus de journaux de la presse écrite sont très réducteurs. Les explications développées se basent uniquement sur les événements qui se sont déroulés à partir du début des années 1990. Avec ces explications et descriptions qui ne remontent pas suffisamment dans le temps, les abandons de terres et biens, les morts, les blessés et les pleurs ainsi que les transferts de population de chaque partie semblent équilibrés : l’un gagne, l’autre perd puis les rôles s’inversent. Chacun a des raisons d’être mécontent mais les torts sont partagés.

Si l’on prend du recul pour élargir la vision historique au-delà de ces trente dernières années, les plateaux de la balance suivent un autre équilibre.

D’abord, il faut savoir qu’au début du XXe siècle, toute la région était peuplée, et parfois en presque totalité, par des Arméniens. Cette proportion a baissé régulièrement au cours du siècle du fait des attaques et du harcélement azéris : dans le Haut-Karabakh la proportion d’Arméniens diminua de 94,4% en 1921 à 75,9% en 1979. Est-il insensé d’y voir une politique colonisatrice ?

Je prendrai deux exemples : celui de la zone coincée entre le Haut-Karabakh et la république d’Arménie, c’est-à-dire celle qui contient le couloir de Latchine, puis celui de Chouchi (Choucha en turc).

La région reliant l’Arménie actuelle au Haut-Karabakh avait un peuplement mélangé (Arméniens, kurdes, tatares…). En mars 1918, les forces ottomanes de Nouri Pacha pénétraient dans la région, isolaient le Haut-Karabakh et pillaient les villages arméniens alentour. Le 26 août 1918, la jeune République d’Azerbaïdjan et son allié ottoman lancent une offensive qui finit par y détruire les villages arméniens un par un. Toute trace arménienne disparaît, les noms des villages détruits sont connus. Par exemple, Berdadzor (Latchine) est rasé en septembre. Le but était clair, créer une liaison entre la Turquie et Bakou et donc son pétrole.

Quant à Chouchi, des Tatares (appelés maintenant Azéris) commencèrent à s’y implanter vers 1750 mais la ville existait avant eux et n’était pas vide d’Arméniens. Pour le reste du Haut-Karabakh, il n’y avait pratiquement pas de Tatares : 84% d’Arméniens pour la région et 94% en zone rurale tout au long du 19ème siècle. Plus précisément, en 1886, Chouchi comptait 15 188 Arméniens et 11 595 Tatares. Le 9 octobre 1918, Nouri Pacha entre dans Chouchi aidé par la population musulmane de la ville basse après avoir rasé en chemin tous les villages arméniens. Le 23 mars 1920, la Chouchi arménienne est mise à feu et à sang, des milliers de maisons sont réduites en cendres et la majeure partie de ses habitants massacrés par les forces azéries (la tête du fondateur du parti communiste du Karabakh est promenée dans la région, idem pour celles de l’évêque Vahan et d’autres dignitaires). Chouchi, l’un des phares de la culture arménienne, est ainsi devenue le bastion turc dans le Karabakh arménien, et allait le rester durant les 70 ans du régime soviétique.

En résumé, dans le but certainement d’être concis tout en apparaissant objectif, la majorité des journalistes présentant cette guerre, déclenchée par Bakou, auraient dû prendre un vrai recul dans le temps pour montrer les réalités historiques sur lesquelles reposent les positions arméniennes.

Le CA de la MAJC


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